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mardi 25 février 2014

Mont Aigoual (tentative...)

Le Mont Aigoual est un sommet situé dans le sud du Massif Central, sur la limite entre le Gard et la Lozère. Il culmine à 1 565 mètres d'altitude. Cela en fait le point culminant du Gard et le second de la Lozère ainsi que des Cévennes, après le Mont Lozère(1 699 mètres).
Au sommet de l'Aigoual, les conditions météorologiques sont souvent extrêmes, l'air océanique et l'air méditerranéen étant sans cesse en confrontation. Ceci vaut, entre autres, au mont Aigoual d'être un des endroits les plus arrosés de France avec un peu plus de deux mètres de pluie par an en moyenne et une moyenne de 240 jours de brouillard par an. Le sommet est, en général, enneigé de la mi-novembre à avril ; les névés peuvent persister sur la face Nord jusqu'en juin.
Quelques relevés records :
  • Température maximale : 29,4 °C (1923); minimale : -28 °C (1956) ;
  • Vitesse maximale de vent enregistrée au sommet : 335 km/h (1966) ; rafales dépassant les 360 km/h soit 100 m/s au cours d'une tempête par vent de sud ;
  • Quantité de pluie maximale en 24 heures : 607 mm (1963)
  • Hauteur maximale de neige fraîche cumulée en 24 heures : 1,86 m (1976). 
  • Hauteur maximale de neige fraîche cumulée en 1 an : 10,39 mètres (hiver 1995-1996) ;
  • Nombre moyen annuel de jours de gel : 144 ; de jours de chaleur (> 25 °C) : 0 ; de jours de pluie : 170 ; de jours de vent fort (> 60Km/h) : 265 ; de jours de brouillard : 241 ; nombre moyen de jours avec chute de neige : 66 ; où le sol est couvert de neige : 118.
C'est aussi un des endroits de France métropolitaine où ont été enregistrés les plus importants cumuls de pluie sur de courtes périodes, notamment durant les « épisodes cévenols » en automne. Le plus fort cumul annuel (4 014 mm) a été enregistré en 1913 et le plus faible (1 123 mm) en 1985.
"Hé regarde, ca n'est pas le gars de l'été dernier ? L'autre cinglé avec son drôle d'engin?"

 Le vieillard se pencha pour regarder. Il plissa ses yeux bleues acier pour mieux observer ce que lui montrais son fils.

"Mmmm… oui je crois…mais ca n'est pas le moment, continuons notre partie de HNEFATAFL(1). A toi de jouer! Tu va voir de quoi les vieux sont capables!!"


Je passe chercher ma bécane (KcikBike Racer) sur le Larzac. Elle est en hibernation, ca va lui faire du bien de prendre l'air. A moi aussi parce que depuis Cassis-Marseille je n'ai pas poussé.

J'oublie toujours quelque chose. C'est une règle. Cette fois ci c'est l'eau.

En route pour rejoindre le départ je me rends compte que mes gourdes sont vides!!. Arrêt à un petit bar dans un village perdu. Je vais me prendre un café et remplir les gourdes. J'entre dans le lieu sombre. Il doit faire 30m2. Deux vieux, casquettes sur la tête sont accourdés au comptoir et me regarde entrer. Le patron, derrière le dit comptoir, me toise les bras croisés. Je dois être le premier "étranger" à pénétrer en ce lieu depuis quelques générations. Je demande un café et pose mes gourdes sur le comptoir.

"Je vous les remplit?"
"_oui merci"
"_avec de l'eau?"
"_heu.. oui!"
"_mais si vous voulez de la bière pourquoi pas! "

Les vieux s'esclaffent. S'ensuit une discussion hors du temps et décalée sur la pénurie d'eau au niveau mondial suite à une émission qu'ils avaient vu sur Arte!! J'hallucine. Si ils continuent ils vont parler de l'influence de la théorie sur sur-homme de Nietsche sur l'économie Européenne… La dernière phrase qui cloture le dialogue me fait revenir sur terre. "N'empêche l'eau c'est nocif, tu la met dans le pastis, ca lui fait tourner la couleur!!"
Tout va bien je suis dans les cevennes :)
J'arrive sur les lieux du départ à Valleraugues et prépare mon sac. De quoi me ravitailler, les protèges avant-bras/coudes pour la descente, de quoi me couvrir au cas ou. Il fait froid mais il y a du soleil. L'Aigoual est caché par les nuages (voir introduction). Réglage du GPS, fermeture des poches, mise en place du casque sur le guidon pour la montée, c'est parti.

Un bruit… bizarre… y'a un truc qui racle. Tout en poussant je regarde la roue arrière, la roue avant, les freins. Le bruit est un raclement continu. Mais c'est quoi ? La bécane est rigide et saute sur le moindre gravillon. Mon oeil revient sur la roue avant, je me penche et … Crevé!! Merde, je suis à peine parti et déjà crevé? Bon demi tour (j'ai fais 180m au gps…). Je change ma chambre à air et passe un temps fou à essayer de la gonfler (pompe multi-embous de M…!!). Temps du changement : 15' Ca repart. Les premiers kilomètres sont en pente douce. 2%. C'est insignifiant. Je pousse doucement sans forcer, histoire de me chauffer tranquillement. Malgré tout, le cadio monte vite et au bout d'une vingtaine minutes je suis asphyxié. Je prend une pose flotte/gâteaux et repars toujours sans forcer.



Distance

Vitesse Max

Roulage

Moyenne Roulage

Arrêts

Moyenne Globale

4,5 Km

18 Km/h

22’

14,7 Km/h

2’

10,6 Km/h

A partir de maintenant la véritable cote démarre : 5%. La route est sèche et le bas coté assez large pour que je ne gène pas les voitures. Elles me doublent sans faire un trop gros écart. Le sol sec permet de bien accrocher lors de la poussée. Malgré les 5% j'arrive à pousser sans problèmes. Quand la fatigue se fait sentir, je marche 2 ou 3 minutes pour faire redescendre le coeur et repars en poussant. Il ne fait pas chaud, mais ca me va. A l'intérieur, je le suis. Tout va bien. J'entre en mode endurance pour une paire d'heure...


"HA, HA, HA!! J'ai encore gagné!!"

Thor regarda l'échiquier interloqué. Il n'avait pas vu le coup venir… Son Roi était cerné.

"Tu vois? je sui im-ba-tta-ble!! " Odinn frappait du plat de la main sur la table en riant à gorges déployée. Ses deux loups s'étaient levés intrigué et effrayés à la fois, le rire du Dieu résonnant comme un tonnerre dans le ciel.

Thor regardait toujours l'échiquier sans voix. Comment avait-il pu se faire piéger? La colère montait en lui proportionnellement aux éclats de rires de son père. Il pris son marteau et l'envoya de toutes ses forces par terre en hurlant!!.

"PAF!!" Ma roue arrière vient d'exploser. Je remontais sur la bécane pour relancer une série de poussée et patatras… Completement à plat. Ma première crevaison (enfin ma deuxième, puisqu'il y a celle de tout à l'heure) depuis dix ans!! Ca n'est vraiment pas mon jour. Et tout à coup me viens à l'esprit l'image de ma bombe anti-crevaison au fond du sac… qui est dans la voiture!! No comment. Je regarde mon gps.



Distance

Vitesse Max

Roulage

Moyenne Roulage

Arrêts

Moyenne Globale

6,5 Km

18 Km/h

41’

6,6 Km/h

6’

8,2 Km/h

C'est finit pour aujourd'hui. Thor et Odinn m'avait arrétés en Islande, j'espère que que ce n'est pas eux à nouveau. Mais non je ne suis pas sur leur terres...

Malgré la roue à plat, je me laisse glisser jusqu'au départ en mettant tout mon poids sur l'avant. Je cisaille le pneu (qui a quelques années quand même, ce sera l'occasion de la changer). Je mettrai une demi-heure pour revenir à mon point de départ.

Faudra que je trouve une autre fenêtre météo.
(1)     Sorte de jeux d'échec datant de l'époque viking. Sur l'échiquier un Roi  et douze pions blancs sont encerclés par 24 pions noir. Le Roi Blanc doit s'échapper, les pions noirs doivent l'attraper. Les pièces se déplacent comme la tour aux échecs. Malgré la supériorité numérique, le Roi arrive à s'échapper dans la majorité des cas. Les noirs perdent pratiquement à tous les coups.

dimanche 24 novembre 2013

Cassis - Marseille - Cassis



Dimanche 24 novembre. Il fait beau, frais, voire disons le carrément… froid! Pas de vent sinon un petit zef pas génant.

Le décor : La côte de la Gineste entre Cassis et Marseille. Elle culmine à 327m. Les acteurs : Claudio, David, Laurent, Fabrice, Nicole, Jean-Chris.
  
La montée du col de la Gineste (dans les deux sens) est le lieu où l'expression "Sortie Dominicale" prend tout son sens. On pourrait dire même que cette sortie est ici élevée au rang d'Art. Toutes les tribus de Promeneurs du Dimanche s'y retrouvent. Nous croiserons ainsi une multitude de motos. Tous styles confondus. De l'Harley à l'hyper sportive. Ça monte, ça descend. Certains se croient sur un circuit. Epingles en déhanché, le genou frottant le sol et accélération en sortie de virage à la manière d'un F16 au décollage d'un porte avion… Ensuite viennent les "Porschistes" qui comme leur nom l'indique roulent en Porsche. Plus sage que les motards (le Porschiste est un bon père de famille qui promène maman le dimanche), ils ont néanmoins quelques accélérations tonitruantes mais cela reste bon enfant. Nous verrons ensuite une longue caravane de voitures anciennes. Elles ont été briquées pour leur sortie dominicale et resplendissent sous le soleil. Il y a même une Super Cinq!! Coup de vieux : Une voiture que j'ai acheté neuve dans ma jeunesse est désormais classée collection…. Plus tard nous apercevons une bande d'Alfa Roméo. Pas des Vintages, non des récentes! Et tous modèles confondus. Je ne savais même pas qu'il y avait un club regroupant cette marque. Qui se ressemble s'assemble non ? Au milieu de tous se beau monde, vous vous en doutez, il y a TOUS LES CYCLISTES DE LA REGION PACA. Le Col de la Gineste doit faire partie des trucs à accrocher à son palmarès je suppose. Et enfin il y a nous. Les 6 cinglés qui vont pousser ce col dans les deux sens…. Vous l'aurez compris, on a du spectacle. Pas le temps de s'ennuyer ni d'avoir le nez dans le guidon en trouvant cette côte monotone. On a toujours quelque chose à voir. Et c'est très bien. Parce qu'il faut avouer que pousser à 7/8 de moyenne en plein effort pendant une heure, ben… on s'emmerde… Alors que là, c'est "Show" à tous les instants. La route est large, les bas cotés aussi, ainsi on pousse sans être sur la route et ce défilé d'engins motorisés ne nous frôle pas plus que çà. Je n'ai jamais eu peur ni me suis senti en danger. Même dans les descentes. Parcours confortable.

Ah, j'oubliais! Il y avait aussi LA Ferrari. Y'en a toujours une. Le pauvre, vu la largeur de la voiture, il ne pouvait pas trop attaquer. Par contre avec ses deux aller-retour, il a été vu. C'est peut-être le but non? A moins que ce ne soit la navette de luxe entre Cassis et Marseille. Un seul passager…

 Cassis (vieux port)  - Col de la Gineste

 

Distance

D+

Max+

Dep.

Arr.

Moyenne

9Km

380m

24%

0

327m

5%
 

Fabrice est parti en tête. La vue dégagée sur toute la montée me permet de le voir très loin. Il a une pêche phénoménale et est équipé d'un proto qui doit valoir une fortune et qui pèse un poids plume. Une arme en côte. Il est suivi de Claudio sur sa Kickbike elle aussi modifiée version "light". David derrière eux est sur sa Lama Bleue, fier comme un député ayant gagné une élection. Equipée d'un guidon façon grand-mère (comme la bécane du champion Alpo), munie de superbes poignées en bois (si, si!!), il file tranquillement à la poursuite de Claudio. Ensuite vient Nicole "Lady Pénélope" toute de rose vétue sur sa Kickbike noire. Et enfin Laurent et moi. Nous sommes tous les deux équipés de Kotska Racer rouge. Parlons en tiens de la Kotska. C'est la première fois que j'en utilisais une : Board au raz du sol (on ne peut pas faire plus bas), courte donc très maniable, légère, un vrai plaisir en côte. Dans la descente par contre, il faut bien la tenir.

Le début est tonitruant. Dès la sortie du port, nous  n' avons pas fait 100m que la route s’élève. La sortie de Cassis se fait entre 7 et 10%. Les premiers kilomètres vont être ainsi. Les passages à 15% sont légions. Il y a même un passage à plus de 20% !!A froid, ça fait mal. Très mal. Le cardio s’est calé sur l’altitude. En d’autres termes, il monte très haut. Je me retrouve rapidement bon dernier. Puis lentement je remonte Nicole et dès que j’ai un peu d’avance je m’arrête boire et m’étirer. J’ai déjà mal aux jambes et on n'a pas fait les premières 30 minutes… Je m’arrêterai trois fois en tout dans l’ascension. Je ne marcherai pas ou peut-être 5mn pas plus, histoire de reposer les muscles. Derrière moi Cassis recule doucement dans son cocon de lumière. C'est maintenant un tout petit port coincé entre la mer et les falaises. Je suis quasiment au niveau de celle qui sépare Cassis de la Ciotat. Il paraît que là aussi existe une côte monstrueuse : La route des crêtes. Je suis rapidement en sueur, mais l’air est quand même froid. Résultat : On enlève une couche, on la remet, difficile à gérer. Un peu avant le sommet la pente s’adoucit. On passe même une longue zone quasiment plate, enfin 2 ou 3% de pente seulement.
 
"Mais c'est quoi le but ?"

La phrase vient d'être prononcée par un cycliste qui nous suit depuis un moment et qui nous double lentement. J'ai envie de répondre au garçon les choses suivantes : Tout d'abord, mon bonhomme, puisque tu nous suis depuis un moment, tu auras eu le temps d'étudier la gestuelle mise en œuvre lors de nos poussées. Si tu ne comprends pas le but du machin, rentre chez toi et vautre toi sur ton canapé en regardant un match de foot (l'OM en l'occurrence…) et n'oublie pas ta Pizza. Je ne vais pas perdre de temps à t'expliquer, ça risquerai de te rendre intelligent… Ensuite, toi, pose toi la question : C'est quoi le but pour toi de monter ce col avec un vélo ?

"C'est d'en chier!" lui répond Laurent.

"Toi t'es qu'un tricheur avec tes vitesses…" j'enchaîne.

Il nous dépasse l'air interdit…

J'adore les cyclistes et les questions idiotes. Alors quand les deux s'entremêlent, ma joie est à son comble…

 Au col, arrêt ravitaillement, photos et on s’équipe pour la descente. Avec l’air froid à plus de 50Km/h, on a intérêt à bien s’équiper. Je remet toutes mes couches, ma cagoule frontale (comme en Islande), mon bonnet, plus un centimètre de peau n’est à l‘air  libre J . On plonge vers Marseille. 12Km de descente à bloc. Bitume parfait. Déhanché dans les virages, la route est suffisamment large ainsi que le bas coté pour choisir ses trajectoires et laisser passer les voitures qui veulent nous doubler. Vitesse maxi 52  Km/h. Au loin on voit Marseille, ses îles, la mer toute bleue. Un pied monumental!! Nous nous regroupons à l’entrée de Marseille et enfilons l’avenue Michelet en passant devant l’immeuble du Corbusier jusqu’au stade vélodrome. Nous prenons les contres allées et pouvons rouler tranquillement. Là, c'est l’avenue du Prado et filons droit jusqu’à la mer.

Après un bon repas dans un restaurant Indien, nous repartons vers Cassis. Nous longeons la plage du Prado pour éviter de reprendre les avenues en ville. Arrêt photos sur la plage. Les bécanes sont « tanquées » dans le sable. Pas la peine de mettre les béquilles J. On s'arrête même pour regarder les Surfeurs. Je vous jure, il y a des surfeurs à Marseille !! Nous coupons dans Marseille au jugé pour reprendre la route de Cassis. On ne s’est même pas perdu, comme quoi les GPS ne servent pas à grand chose du moment qu’on lève les yeux pour regarder les panneaux J. Lors de cette traversée, Fabrice crève. Comme de bien entendu, personne n’a de quoi réparer un boyau. Il décide de continuer à pied. Le "Trot Gang" en arrivant à Cassis prendra sa voiture et viendras le chercher. Il faut beau, il a la pêche, un peu de marche ne lui fera pas de mal. Nous repartons donc vers Cassis attaquer la côte dans l’autre sens.

 Marseille (plage du Prado) – Col de la Gineste

 

Distance

D+

Max+

Dep.

Arr.

Moyenne

12,5Km

440m

29%

0

327m

4,5%

Je ne sais pas si c’était le fait d’avoir, mangé, ou d’avoir quelques kilomètres pour se chauffer avant de démarrer la côte, mais j’ai eu une pêche étonnante. De ce coté, ça montait fort tout le temps avec  pleins de passages à 15, 17, 23% et même un « mur » à 29%, j’ai tout le temps poussé avec une pêche énorme, pas asphyxié, le cardio nickel, j’en revenais pas. J’ai marché là aussi 5 bonnes minutes pour attendre Nicole et suis reparti en me surprenant même de faire des accélérations. Claudio lui était loin devant suivi de David et Laurent. Arrivée au col, rebelote pour le rééquipement en prévision de la descente. Celle-ci sera encore plus rapide que la précédente. Max atteinds : 62Km/h. Allongé sur le guidon, je me positionne en recherche de vitesse. Les genoux coincent le cadre mais la Kotska vibre légèrement. Elle est trop courte pour ce genre d'exercice. On ne peut pas tout avoir. Une bête en côte et en descente. Malgré tout je la tiens bien et bien qu'étant au-delà des 50Km/h, je ne me ferai aucune frayeur. Mon talent de pilotage ?

                L'entrée dans Cassis se fait en "Guodillant". J'adôre!! J'imagine au milieu de la route des piquets comme pour un slalom de ski, je remplace les spatules par ma Kotska. Celle-ci est très maniable et se prête parfaitement au jeu. Pieds parallèles bien regroupés, en avant sur la piste rouge J. Nous arrivons au port, j'éteins mon GPS.

 

Distance

Vitesse Max

Roulage

Moyenne Roulage

Arrêts

Moyenne Globale

D +

45 Km

62 Km/h

3h10’

14,4 Km/h

53’

11.2 Km/h

820m

On se claque la bise et pendant que le Trot-Gang retourne chercher Fabrice, je me prends un café bien mérité en terrasse sur le port. Il est 16h30 et il commence à faire froid, le soleil étant caché par des nuages.

 Lorsque je reprendrai ma voiture une demi-heure plus tard, je croiserai Fabrice à bord de son fourgon. Il est donc sauvé.

mercredi 10 juillet 2013

Islande


Prologue
« Bon… Je fais quoi alors ? »
 Début Décembre 2012. L’aventure commence toujours par une carte. Elle est étalée là, devant moi, sur la table basse de mon salon. Les magazines et bouquins sur l’Islande trainent un peu partout autour, sur mon canapé, par terre.
« Bon… Je fais quoi alors ? »
 En fond musical, Jack White chante une de ses ballades rock dont il a le secret. Dehors, il pleut. La météo, sympa, me met dans l’ambiance. Sur ma gauche, le grand cahier où je recopie toutes les notes que je glane sur les différents sites internet de voyageurs ayant traversé le pays des glaces en VTT. « La F225 est superbe, mais de nombreux gués sur la portion Est… », «  La F910 est infernale, bourrées de sable et tôle ondulé. », etc. Mon ordi portable est ouvert sur GoogleEarth.  Je passe de l’ordi à la carte, puis aux notes, je cherche un renseignement sur un bouquin. Et je reprends dans l’autre sens. Bref, je m’imprègne.
« Bon… Je fais quoi alors ? »
 Je ne sais pas par où commencer. La durée du voyage ? Elle dépendra du parcours. Le parcours ? Il dépend de la durée disponible. Le serpent se mort la queue. Puis, petit à petit,  la solution germe dans ma tête. A force de regarder la carte, se dessinent des trajets, des formes. C’est très visuel. Courbes, lignes droites. Je vais d’abord matérialiser ces trajets possibles, puis les découper en tronçons, déterminer le matos spécifique à chacun (couchage, ravitaillements, autonomie ? semi-autonomie ?) puis chiffrer chacun d’eux. Enfin, je choisirai le plus faisable.

« Bon… Je fais quoi alors ? » 
 Je replonge dans la carte. La première chose qui me vient à l’esprit est une liaison Nord-Sud. D’autant que tout le monde dit que les vents dominants sont dans ce sens. Alors, autant l’avoir dans le dos. La voie « royale » et historique est la F35, qui traverse le pays de part en part.

Dictons Islandais :
« En Islande, il n’y a pas de mauvais temps, il n’ya que des mauvais vêtements ».

« Si le temps ne te plais pas, attend un quart d’heure ».

« En Islande comme ailleurs, il y a quatre saisons… tous les jours ».

La question du matériel
 Première option, porte-bagages avant avec sacoche et sac à dos. Compact. Tout est sur la trottinette (petit sac 20 l. pour moi).
 Deuxième option, la remorque (Bernard me prête la sienne). Avantage : Rien sur la trottinette et pourquoi pas, rien sur moi. Tout est dans la remorque. Pas mal comme idée. Moins maniable mais pourquoi pas ? D’autant que dans ce cas, je peux garder avec moi le sac de transport de la trottinette. Par contre, j’ai deux bagages en soutes dans l’avion et le transport en train risque d’être « galère ».
 Je dois étudier les deux configurations : J’aime assez le coté remorque et rien sur la trottinette, et j’aime assez le coté tout sur la trottinette et pas de remorque…

(Au final, Bernard part en Australie avec sa remorque. Le problème est donc réglé…)

 Le premier essai du sac à dos de montagne (50 l.) avec tout le matos  donne en poids : 12 kg, Et encore, je n’ai ni réchaud, ni de gamelle, ni « bouffe » d’avance. Pour une randonnée à pied, c’est honnête, mais en trot, c’est l’enfer garanti après deux jours de voyages. Je fais donc monter un porte-bagages à l’avant. Les sacoches seront des 2 x 24 l. étanches (vu le lieu…) de chez Vaude. Remplies, elles portent 10 kg. Les 2 ou 3 kg restants seront sur mon dos. Là, c’est  très honnête. Avec le porte-bagage, le poids de la machine à nue étant de 13 kg, l’ensemble « tous pleins fait » atteint 23 kg. Le ravitaillement se fera en cours de route, je ne prends rien d’avance. Je me débrouillerai.



 La configuration du trajet se dessine enfin. Le départ sera Blönduos, au nord de l’île. Je descendrai plein sud par la piste F35 jusqu’à Gulfoss. Sur le parcours, j’obliquerai deux fois pour revenir sur la F35 ensuite. D’abord, le site de Hverallir (à 2 km de la F35) puis, celui de Kerlingarfjöll (à 10 km de la F35). Jusqu’à Gulfoss, la F35 court sur 200 km environ, pour presque 2000 m de dénivelé positif. Il y aura des passages à 10%, également en descente. Autant dire que je vais marcher beaucoup.
Le calcul d’une moyenne est pour le moment difficile. Je ne sais pas du tout comment réagiront mes poussées sur la piste. Impossible à évaluer par rapport à ceux qui l’ont fait en VTT. Le seul élément de comparaison est ma randonné Vendargues-Cornus, avec une moyenne de 6 km/h. Mais c’était en plein été, par 30°C. Rien à voir.



Bien évidemment, rien ne s'est passé comme prévu….

L'arrivée



"Jean-Chris, c'est pas ici ! "

 Sébastien me regarde, dépité. Nous sommes à la gare des bus de Rekjavik. Celui qui doit nous mener au Nord vers Blonduos ne part pas d'ici et il démarre dans 20 mn… On s'est trompé de gare.

 J'ai rencontré Sébastien à CDG lors de l'enregistrement des bagages. Un mec avec un carton géant contenant un vélo, ainsi que plusieurs gros sacs, je ne pouvais pas le rater. Nous sommes d'ailleurs les deux seuls passagers équipés de cartons géants. Forcément, ça rapproche. Le reste des passagers de l’avion se compose pour la plupart de randonneurs d’un certain âge. Le reste étant des familles en partance pour les USA, Rekjavik étant la correspondance des vols pas cher pour les States. Il s'avère que Sébastien a prévu le même trajet que moi. On décide donc de partir ensemble. Nous nous sommes donné rendez vous à l'aéroport pour prendre le bus du matin qui nous mènera à la gare routière de Rekjavik. Là nous prendrons un autre bus qui nous mènera vers le Nord.

Rekjavik en 7 mn
 J'avais fais ma réservation par internet, pour moi c'était ok. Quand à lui, il prévoyait de prendre le billet au dernier moment. Et voila, nous ne sommes pas au bon endroit ! La compagnie qui gère ce trajet a déménagée l'an dernier et n'a pas mis à jour son site internet. J'ai donc l'ancienne adresse : Ici.
 Nous devons traverser Rekjavik en 20 mn. Go ! Sébastien bat le record du monde de montage de roues et sacoches sur un vélo de rando (ma trott’, elle, était prête) et nous partons comme des fous pour traverser la capitale en ce vendredi matin à 8h 15 (heure de pointe). Si on te dit ça partout ailleurs dans le monde, c'est mission impossible. Hors, nous sommes en Islande. La traversée de sa capitale aux heures de pointes en Vélo/Trot prend 7 mn au milieu d'une circulation inexistante… Nous aurons notre bus. Va faire ça à Berlin ou Tokyo !

 La veille j’ai passé ma première nuit dans une “GuestHouse”, sorte d’Hôtel sur le site de l’aéroport avec cuisine et salle de bain commune. Une vingtaine de chambres à plusieurs lits, dont la propreté rendrait jaloux les plus maniaques ! De plus et c’est pourquoi j’ai réservé là, ils conservent les emballages des vélos des randonneurs qui comme moi, vont aller se frotter à Odin et sa clique. L’annexe est une collection de cartons et sacs géants en tous genres. J'en compte une quarantaine. Un vaste atelier me permet de monter tranquillement la trott’ et la préparer pour le voyage. Bonne surprise, elle n’a pas souffert du transport, rien de cassé au déballage du carton. Je range ce dernier avec ses camarades et après avoir vérifié mes sacoches, je suis fin prêt. Au retour, je passerai ma dernière nuit ici, afin d’effectuer l’opération inverse.

Bus trip

 Nous mettrons 4 heures à monter au Nord. On commence à se mettre dans l'ambiance au niveau paysage. Ca ressemble au Larzac. Des Landes désertes, avec des montagnes au fond. Le bus s'arrête toutes les heures une dizaine de minute, ainsi qu’une demi-heure pour arrêt repas à une station-service/cafeteria/souvenir. Dehors, il fait un froid de canard. 13 C° et du vent. Le ciel est mitigé. Avec nous dans le bus, des randonneurs de plusieurs nationalités ou locaux. Avec Sébastien, on fait connaissance, on se raconte nos précédents "trip". C’est aussi un motard, « BMiste » comme moi. C'est sa première fois en Islande et il a choisit le même parcours que moi, avec une variante sur le sud. Son précédent voyage : 15 jours en autonomie en kayak de mer au Groenland.

 12h30, nous arrivons à Blonduos. Seb descendra quelques kilomètres plus loin, il veut rejoindre la F35 par une autre piste plus à l'Est, alors que je la prends dès le début. Je me retrouve seul. L'aventure commence.


Etape 1   BLÖNDUOS – Lac de  Gilsarlon




Lat. Long. Départ
Lat. Long. Arrivée
Distance
Durée
Moyenne
D+
D-
Max+
Max-
Dep.
Arr.
65.39.35N 20.16.32O
65.23.29N 19.48.31O
45Km
7h
6,4Km/h
810m
310m
13%
12%
0
430







C’était la belle saison. L’été. Ici l’été dure peu. En deux mois se concentrent le printemps, l’été et l’automne. Tout va très vite. La végétation, les animaux, tous profitent de l’apparition du soleil pendant 24 heures. Ils savourent  à 100%  ses instants. La vie, la reproduction de l’espèce, tout s’accélère, pas de temps à perdre. Bien sûr il reste les tempêtes, les pluies, mais les éléments météorologiques sont comme le passé, le présent ou le futur ici. C’est un tout. C’est aussi la saison où les petits habitants du monde caché découvrent les hommes venus en masse traverser leur île. Pendant deux mois les « envahisseurs » parcourent leurs territoires à bord d’engins de toute sorte ou à pied. Les Elfes découvrent ses étranges humains si différents de ceux qui vivent à leur cotés tout au long de l’année.


Départ à 13h30 de Blönduos, après avoir fait des courses pour le repas du soir + pt dej + demain midi, à la station service. C'est un peu comme les stations d'autoroute chez nous. On y trouve de tout. Je discute avec un motard Islandais, qui me prévient que le temps vers le Sud s'annonce mauvais pour les jours prochains. Il reste interloqué que je veuille prendre la F35 avec ma trott’…

En avant… Direction Montpellier, je rentre à la maison !

 Quelques gouttes mais rien de méchant. Il fait même chaud ! Pendant les 15 km, le vent reste dans mon dos, puis tout à coup, il change. De face avec la pluie. Je m'équipe en fonction et je vais rester ainsi pour les prochaines heures. Difficile de pousser à cause du vent et de plus, ça monte tout le temps. Je marche. Courbé face au vent et à la pluie. Ce que je ne sais pas encore c'est que je vais garder cette position pendant les 6 prochains jours.

 J'espère que ma veste et mon sur-pantalon vendus comme étanches le sont vraiment. Ça monte, encore. Pluie glaciale sur le visage. Je mets le masque de haute montagne. Je commence à avoir mal aux jambes, les crampes ne sont pas loin.

 Je suis dans une vallée plutôt verdoyante, entourée de montagnes enneigées. Beaucoup de vaches, poneys (pardon, chevaux Islandais !) et moutons, tous en semi libertés et qui se baladent. Je longe un lac avec quelques maisons regroupées autour d’une petite église. Tout est propre, on dirait un village « Playmobil ».Une ferme tous les kilomètres environs. Je croise des autochtones rentrant leurs vaches sous la pluie. " Hey ! " de part et d'autre. Ils n'ont pas plus l'air étonné que çà de me voir là. Des gros 4x4 partout, le moindre véhicule est de ce type. Chose étrange, aucun chien n'aboie à mon passage, contrairement aux fermes françaises où l’on est accompagné d’un récital de cris et hurlements. Ici, le silence règne et le chien n'existe tout simplement pas. A moins que ce dernier ne soit au chaud dans la maison.

 Je fais une pause à l'abri du vent et de la pluie, derrière un grand panneau signalant l'entrée du Parc national. Outre les éternelles consignes de respecter la nature, telles : camping interdit, pas de hors-pistes… Il est mentionné les consignes de sécurités. Ici, on entre en zone dangereuse. La F35 mène au centre de l’île. L’endroit le plus inhospitalier de l’Islande, c’est dire… Gaffe à la météo ! Merci, je n'avais pas remarqué. Les fermes s'espacent de plus en plus, jusqu'à ce qu'il n'y en ait plus. Ca monte toujours, lentement mais sûrement. J'arrive enfin devant la fameuse côte : Un mur de 3 Km. Impressionnant. Je passe les 41 Km en 5h en pleine côte, sous une pluie fine.

 Miracle ! Un garage perdu dans la lande me protège du vent et de la pluie. Je m'y adosse pour manger mon sandwich et une banane. Je suis trempé. Devant moi, un ballet d'oies sauvages. Je pense à Nils Holgersson. La côte est gigantesque. Il est 18h (20h pour mon horloge biologique restée en France). Au sommet, j'ai une vue imprenable sur une centrale électrique géante. Je suis à 400 m d’altitude. Le bitume s’arrête là d’ailleurs, où la piste commence. Je n’en peux plus. J’ai mal partout. Sur ce plateau, je suis dans une sorte de brouillard dense. Je ne sais pas, de la pluie ou du nuage poisseux, qui me trempe. La première journée est éprouvante. Je pensais arriver à l’Auberge ce soir, mais je suis encore à 30 km. Trois voitures m’ont doublé depuis mon départ, donc ça roule. Et si je faisais du stop ?

 Une voiture s’avance au loin. Sur le bas-côté, je lui fais signe. La conductrice passe en trombe devant moi plein sourire en me rendant mon bonjour… C’est pas vrai ! ! Non mais c’est pas vrai ! ! Je reste pantois au milieu de la piste. Enervé, je reprends mon parcours du combattant face au vent, quand un camion me double. Le bruit du vent m’a caché son arrivée dans mon dos. Frayeur. Je lui fais de grands signes… qu’il me rend en passant son bras par la portière. L’Islandais est poli.

 20h30 (+ 2 h à mon horloge biologique). Je m’arrête et décide de planter la tente. Normalement c’est interdit et si je suis dénoncé, je finirai au poste. Au chaud. Mais qui pour me dénoncer ?

 La pluie s’est arrêtée (pas le vent). Je repère un endroit un peu plus protégé que les autres. Le sol est très mou, gorgé d’humidité. Les piquets s’enfoncent comme dans du beurre. Je solidifie l’ensemble avec des cailloux sur les piquets et les filins. La tente est battue par les vents mais à l’air solide. Autour de moi, le paysage n’est que désolation et tristesse. La couleur dominante est gris / marron. Pays pour daltoniens…

 21h30 (23h30 pour moi) A peine rentré sous la tente, la pluie se remet à tomber. Trop fatigué pour manger, je m’effondre.
2h, réveillé par le froid. Dehors, il fait jour. Je sors la tête de la tente et je vois à 10 mètres un mouton, sa brebis et ses agneaux qui me regardent. Le mâle me scrute et bêle. Je ne parle pas le mouton, encore moins le mouton Islandais. Je ne saurais jamais s’il me disait bonjour ou me montrait son mécontentement quant à ma présence sur ses terres. J’enfile ma deuxième polaire (et pourtant je suis habillé), mon bonnet, mes gants, bref la totale et me rendors. Je dormirai jusqu’à 5h en me réveillant par intermittences à cause du froid. Plus un véhicule ne passera.


 Les druides avaient mis en place les menhirs, les dolmens et tout un tas d’antennes pour se connecter aux forces telluriques parcourant le globe. Le plus bel ensemble était « Stonehedge». Les Maoris avaient leurs Tikis géant comme sur l’Île de Pâques. Touts ses forces tellurique venaient et partait d’ici. Le pays entier était non pas une antenne, mais la source de ses forces. C’est ici que l’on était en connexion globale avec le cœur de la terre. Le pays était une porte ouverte sur tout. Il était une dimension à lui tout seul. La fenêtre par laquelle on entrevoyait l’univers. Pourquoi y aurait-il des arbres pour servir de relais ? Pourquoi planter des statues ou des rochers  comme le firent les anciens druides, les Maoris, et Amérindiens ? C’était d’ici que tout partait et tout convergeais. Le point culminant. L’œil. Quand la terre fut créée, la fin fut ici. Il ne fallait pas une sphère fermée, parfaire, sinon elle serait morte. Il fallait une ouverture, qu’elle puisse respirer un peu comme une pierre dans un  jeu de Go. C’était ici. L’Islande permet à la terre de respirer. C’est l’ouverture au sommet de la baleine. Elfnör le savait. Tous les siens le savaient. Ils en étaient les gardiens.

Etape  2 Lac de  Gilsarlon – Lac de BLÖNDULON (Afangi)




Lat. Long. Départ
Lat. Long. Arrivée
Distance
Durée
Moyenne
D+
D-
Max+
Max-
Dep.
Arr.
65.23.29N 19.48.31O
65.08.55N 19.43.37O
30Km
5h
6Km/h
300m
250m
8%
11%
430
480


Mon petit déjeuner se compose d’une salade de fruit et de biscuits au chocolat. Ce matin, il y a quelques rayons de soleil. La tente n’est pas trop mouillée. Le vent a dû la sécher durant la « nuit ». En fait, c’est un des paradoxes météo de L’Islande. Malgré les pluies, le taux d’humidité de l’air n’est que de 20 % (80 % en Bretagne, par exemple) ce qui fait que ça sèche vite. Mon ami le mouton n’est plus là.
 6h, je démarre. Le vent est toujours de face, mais pas de pluie. Ce n’est pas pire qu’hier. Il y a toujours des côtes. Ca ne fait que monter. Le paysage est désolé, que de la caillasse. Rien pour arrêter le vent. C’est un désert minéral. Triste. Rien ne vie ici, quelques moutons galopent au loin. C’est tellement vaste que ça en devient étouffant, écrasant. Je marche comme un forçat, comme une mule autour de sa meule à moudre, comme le chameau d’une caravane… C’est long. La piste parfois me permet de faire quelques poussées, mais pas longtemps. De plus c’est souvent de la tôle ondulée. Je dois zigzaguer. Le peu de soleil ne compense pas le vent froid. Je suis habillé de mes deux polaires, mon coupe vent, cuissard long + sur-pantalon coupe vent, gants de montagne, et c’est juste. Pour ne pas me refroidir, je m’arrête peu. Je prends des pauses toutes les 1h30 environ. Autour de moi sur la lande, des lacs sont disposés ici et là, comme brodés sur le tissu pierreux. La vision porte toujours très loin. Je devine les glaciers à l’horizon. Je me sens tout petit, insignifiant. Une fourmi dans le désert…Acrophobes passez votre chemin… Photo souvenir devant le panneau Blonduos : 64Km. Il est 8h40, j’ai parcouru 20 Km en 2h40 (Savez vous que mon record sur semi marathon en trott’ est de 58’ ?). Je regarde lentement autour de moi. Je suis au milieu de rien…

 L’homme était arrêté. Il semblait chercher quelque chose, regardait autour de lui lentement. Tous ses sens étaient en alerte. Elfnör le sentait à son odeur. Elle lui disait qu’il sentait sa présence. L’homme se figea dans sa direction. Silence. Immobilité de part et d’autre. « Il me voit » se dit-elle. Aucun des deux ne bougeait. Le temps s’était arrêté. Chacun se disant que le premier qui bougerai briserai l’alchimie du contact. Puis, l’homme pivota lentement, repris sa route et se retournant brusquement avec un sourire, fit un salut de la main dans la direction d’Elfnör.


 Il me reste 8 km avant l’auberge. Je suis à un croisement sur un plateau sans relief. Au loin, je devine un glacier dont le sommet se mêle aux nuages. C’est un glacier ou un mirage ? Devant moi, c’est nulle part, derrière moi pareil. Hitchcokien.
 Enfin, au sommet d’une côte gigantesque qui n’en finissait plus et dans laquelle je me suis arrêté deux fois, je vois une petite cabane au  loin. C’est Afangi. Ca y est, j’y suis ! C’est l’Oasis au milieu du désert. Il est 11h. J’arrive en marchant, courbé contre le vent qui redouble de puissance. Il a vu qu’il allait me perdre, alors il lance un dernier baroud d’honneur. Je suis saoul de fatigue…

 Afangi est un long bâtiment sans étage, composé d’une vingtaine de chambre à 4 lits, deux belles douches, un grand salon, une salle à manger avec trois longues tables, une cuisine. A l’extérieur, un Jacuzzi. Le refuge est ouvert de Juin à Octobre et fermé l’hiver : la neige y recouvre le bâtiment ! !

 Je vais rester dans ce havre de paix jusqu’au lendemain. Une douche, un jacuzzi en extérieur, un bon repas composé de mes restes plus une soupe d’agneau / légumes, ainsi que de la viande de cheval séchée (délicieux ! !). Après tout ça, je me lance dans une sieste réparatrice sur les canapés du salon. Je suis le seul occupant de ce refuge de 50 places, mais toute la maisonnée fait de même, comme Kristin, qui gère la maison avec une amie et ses ados. Le téléphone ne passe pas ici, par contre Kristin a internet. J’en profite pour laisser un message sur Facebook. Après midi "comatage". Dehors il pleut, il vente, c’est une horreur. J’apprécie le temps de derrière ma fenêtre, en mangeant une part de gâteau à la pomme couvert de crème, accompagné d’une bière. Et puis ce soir, je dors à l’abri. Cocon chaud et douillet au milieu de ce désert venté et glacial. Je passerais bien le reste du séjour ici moi…

 Le soir avant de me coucher, re-soupe de légume / agneau. Je regarde en mangeant par la fenêtre… Il tombe des flocons…


Quel âge avait Elfnör ? Elle ne savait pas. L’âge est fonction du temps, et ce dernier n’existe pas dans son monde. Les hommes eux vivent avec le temps. Ils ont des petits appareils aux poignets pour calculer l’avance du temps où leur dire ou ils se trouvent durant la journée. Dans certaines maisons, des objets plus gros leur disaient la même chose. Ils vivaient en fonction du rythme de ces objets. Mangeaient, dormaient, faisaient leurs activités l’œil rivé sur les cadrans. Elfnör ne savait pas quelle âge elle avait en « humain », encore moins en Elfique… Elle savait juste qu’elle avait connu le temps où les chariots n’étaient pas en métal, mais étaient tirés par des chevaux. Qu’elle avait connu le temps où les oiseaux de métal qui transportent des hommes ne passaient pas dans le ciel. Elle avait connu l’époque des premiers humains venus sur des barques en bois qu’ils appelaient « Drakkar ». Elle avait connu son île sans les humains. Elle se souvenait même du temps où tout n’était pas que lave et désert, mais forêts boisées. Bien avant l’arrivée des humains, bien avant… Etait-elle vieille ? Jeune ? Elle connaissait le concept pour avoir étudier les humains, mais ne pouvait pas l’appliquer aux Elfes. Elle venait d’atteindre  l’âge de se reproduire et de tomber amoureuse. Cela doit correspondre à l’adolescence chez les hommes ? Elle devait être une jeune femme ?

Etape 3 Lac de BLÖNDULON (Afangi) – HVERALLIR




Lat. Long. Départ
Lat. Long. Arrivée
Distance
Durée
Moyenne
D+
D-
Max+
Max-
Dep.
Arr.
65.08.55N 19.43.37O
64.51.58N 19.33.27O
42Km
8h
5,6Km/h
320m
200m
7%
6%
480
600



  Ce matin, il fait beau. Reposé, rassasié après un petit-déjeuner gigantesque, je suis prêt à repartir. Le curseur du moral est remonté à bloc. J'attaque de nouveau la longue piste, qui bien évidement grimpe un peu. Arrêts photos sous le soleil, j'ai le vent ¾ dos, ce qui me permet de pousser un peu. Ce moment bucolique va durer une bonne heure jusqu'à ce que le vent tourne et se remette de face… Normal. Je reprends donc ma marche forcée, mais avec le soleil, ça va.
 Je suis toujours au milieu d'un désert aride. La végétation est de moins en moins présente. Les moutons se font plus rares.  Malgré le soleil, il fait frais, je garde ma polaire et mon coupe vent. Pas de transpiration. Les nuages sont devant moi et je vois bien que je me dirige vers eux. Je suis en train d'entrer dans la zone centrale de l'île, là ou se trouve le désert de lave. Les terres du Mordor sont devant moi. La célèbre région du Kjöllur.
 
Arrêt repos devant un rocher gigantesque. Ce doit être un Troll vu sa taille et sa forme. Il me protège du vent le temps de me ravitailler en bananes et gâteaux. Je croise quelques cyclistes. Deux anglais, trois italiens, un allemand et encore trois italiens. Ils me prennent évidement pour un cinglé et j'ai droit aux séances photos. Chacun donne des nouvelles de l'état des pistes de là d’où il vient. Ils me préviennent, je vais vers du difficile. Heu… parce là, c'est facile ?

 Arrêt ravitaillement au refuge de "sécurité", une cabane rouge dans laquelle se trouve une salle à manger, une chambre à 4 lits avec matelas, un coin cuisine avec du bois sec pour faire du feu. Elle est en parfait état. Qualité scandinave.






Le vent forcit, les nuages arrivent, la piste est de plus en plus "molle". Même sans vent, je ne pourrais pas pousser. Mais marcher face à ce vent dont la force augmente de plus en plus devient maintenant difficile. Au bout de quelques heures, je commence à vraiment fatiguer. Le moral baisse à mesure que la fatigue croît. Les kilomètres sont de plus en plus longs. Je me mets à prendre des poses sur le plat pour me reposer du vent qui n’a qu’une idée en tête : m’empêcher d’avancer. Je ne suis plus qu'à 5 km de l'arrivée, mais je n'en vois pas la fin. Je ne peux même pas profiter d’une belle descente, le vent est trop fort.
Une côte monstrueuse à franchir et au sommet, vue sur l'ensemble du désert. Je me fais ravitailler par un couple de Français en 4X4. Je n'ai plus d'eau et ils me refont le plein. Je devrais voir le refuge, mais il est invisible. Paradoxe de l'Islande : On voit à plus de 50 km à la ronde, mais l'objectif surgit toujours au dernier moment. Le vent est très fort. Mais ou est-il ce grrr de refuge ? Au loin (très loin), je devine les phares d'un 4x4. Il faut que j'aille là-bas ? Oh non !… Je ne suis pas arrivé. Désespoir. La descente du col à travers les cailloux et le vent de face est tout aussi difficile que la montée.
 Maintenant, je suis dans le no man’s land du centre. Le Kjöllur. Imaginez le Sahara, mais en gris. Le plafond des nuages est à… ben, on est quasi dedans. Plafond à 2 m ? Le vent soulève des nuages de poussières gris. Je porte mon masque de montagne pour me protéger et ma cagoule remonte sur le visage. Je suis hermétique au vent, c'est déjà çà. Malgré tout, je subis des attaques de sables en pleine face. Une dernière côte encore difficile (dans les cailloux) et j'arrive sur un plateau. Au loin, je devine enfin les toits du refuge, entouré des Geysers et fumeroles. Autour de moi la terre fume par endroits, l’odeur de souffre est présente. Au loin, des montagnes noires. Quelques gouttes comment à tomber, le vent cherche toujours à m'empêcher d'avancer. Bienvenue en enfer… Je regarde autour de moi si des hordes d'Orques, de Trolls, de Dragons ne vont pas déferler sur moi. Je profite des derniers 100 mètres de descentes et je surgis sur le parking du refuge, juste au moment où un nuage éclate et laisse choir des tonnes d'eau.


 Le refuge est bondé. Pas de places pour la nuit, il faudra que je monte la tente. Les douches sont en panne. Par contre ils ont un "hot spot" naturel. Je reste à l'intérieur. Deux grandes tables, un bar, une cuisine. Je prends une soupe d'agneau, un sandwich au saumon et reste à table dans mon coin, à attendre. Je monterai la tente plus tard, j'ai tout mon temps. Les randonneurs arrivent, repartent, discutent avec le ranger  (sorte de garde forestier sans forêt…) qui leur explique les dangers du coin. D'ailleurs, ils doivent pointer et donner leurs itinéraires, ainsi que leur estimation de retour et re-pointer quand ils reviennent. Passé un délai, il lancerait les recherches. Le coin est dangereux, chaque année des gens disparaissent… Le centre volcanique de l'Islande, terre d'accueil…
 Pendant mon attente, je discute avec un couple d'Italiens, qui eux viennent du Sud à vélo. Epuisés, trempés. Eux aussi se mettent en liste d'attente pour dormir au chaud. On discute des itinéraires. Leur description de l'accès à Kerlingarfjöll est dantesque. J'annule l'étape et la remplace par une plus courte. Un refuge se trouvant au croisement qui mène à Kerlingarfjöll, je retrace sur la carte mes nouvelles étapes. Je m'adapte en fonction de la météo et de l'état des pistes.
 Ce que font d'ailleurs les Islandais. Ces gens ne prévoient rien. Ils font tout au dernier moment. Pourquoi planifier quoi que ce soit, puisque une tempête ou une éruption volcanique peu tout stopper du jour au lendemain. J'en ai la preuve. Je revois mon planning. Les deux prochaines étapes sont redécoupées en trois.

 La tenancière vient me prévenir qu'une place s'est libérée. Hourra ! Ce soir, je dors au chaud ! Je jette mes affaires sur mon lit et vais faire un tour sous la pluie, voir les Geysers et fumeroles du secteur. Ça sent le souffre, ça fume, ça bouillonne. On est bien en enfer. Je décide finalement, malgré le froid, d'aller prendre un bain dans le " hot spot ". Celui-ci est chauffé par l'eau qui est directement prise dans un Geyser. Elle arrive par un tuyau à 100 C° dans la "piscine". Je dis « malgré le froid », parce qu'il faut traverser le parking (200 m) en maillot. C'est sport. Je pique un sprint sous la pluie et plonge dans l'eau laiteuse, remplie de souffre et de silice. Température moyenne : 40 C°. Voire plus, si on s'approche du tuyau en provenance du Geyser. Un vrai bonheur ! ! Je reste là dedans une heure à somnoler avec un groupe de jeunes allemands qui font la navette à tour de rôle vers le refuge pour se ravitailler en bière. Ça rigole, ça parle fort. L'allemand est sonore ! Le retour vers le refuge se fait à un autre rythme. Lentement. Je suis tellement chaud que je ne sens pas le froid. Je traverse le parking tranquillement, mon corps fume… Une deuxième soupe et dodo. La séance d'aujourd'hui et son final dans le bain chaud m'ont épuisé. Je m'endors (malgré le jour) quasi immédiatement. Dehors il pleut.

Elfnör courait dans le vent. Elle sautait de pierres en cailloux avec la légèreté de son espèce. Elle jouait avec le vent, tantôt le contournant, tantôt l’affrontant. Elle s’arrêtait parfois pour attendre l’homme puis repartait devant lui de plus belle tel un dauphin qui joue à la poupe des navires. Dauphin d’un monde minéral. Ceux de Kerlingarfjöll avaient prévenu de l’arrivée de l’étrange équipage. Le bruit courrait depuis les terres du Nord. On l’avait vu au lac de Blöndulon, ceux d’Hverrallir l’avait aperçu. Depuis quelques jours sa présence était connue sur le territoire. Il avançait vers le sud. Ceux de Gulfoss l’avait vu s’engager vers les terres du clan d’Elfnör. Terre désolé parmi  les terres désolées. Les effluves de l’homme faisaient dire à Elfnör qu’il était dans son élément. Qu’il était heureux au milieu de ce rien. De ce vide. De cette solitude qui en aurait effrayé plus d’un. Le territoire d’Elfnör était un désert noir dont le seul relief était tous les trolls ou les géants (seuls les Elfes faisaient la différence entre les deux espèces) figés depuis tant de siècles.  Elfnör en avait connu certains. En passant elle leur disait  un petit mot. Certains anciens pensait que même figés ils avaient encore la conscience de la vie à l’extérieur de leur sarcophage de pierre. Alors lors de ses pérégrinations, Elfnör passait voir ses anciennes connaissances. Elle leur racontait les derniers potins. Pouvaient-ils entendre les messages passés par les vents comme elle? Elfnör chuchotais quand elle leur parlait. Les choses importantes se chuchotent et devant la grandeur des éléments on n’élève pas la voix. Un peu comme dans une église. Même seul on chuchote. Les Elfes étaient les derniers représentants de ce monde.

Elle l’observait. Elle connaissait bien les véhicules des hommes qui passaient sur son territoire. Des chariots carrés avec des grosses roues noires qui avançaient seuls sans chevaux en faisant du bruit, d’autres, sortes de squelettes de fer à deux roues fines sur lesquels les hommes s’échinaient à faire tourner leurs jambes. Mais là, c’était nouveau. Elle décida de la suivre pour voir ce qu’il en était. Elle huma l’air en fermant les yeux pour se concentrer. L’odeur… L’odeur de l’homme… aux effluves émanant de l’être humain, elle pouvait lire en lui. Ses sentiments, ses peurs, ses attentes. Celui-là était particulier. Pas comme ceux qu’elle voyait habituellement. Celui-là n’était pas là par hasard. Celui-là avait en lui les gênes des locaux. De ceux qui pouvait voir le petit peuple…





Etape 4 HVERALLIR – GULFOSS




Lat. Long. Départ
Lat. Long. Arrivée
Distance
Durée
Moyenne
D+
D-
Max+
Max-
Dep.
Arr.
64.51.58N 19.33.27O
64.47.41N 19.21.27O
20Km
3h30
5,7Km/h
114m
60m
10%
6%
600
660


Ce matin il pleut, le ciel est bas, le vent souffle. C'est comme hier, rien n'a changé. Je m'équipe tranquillement dans le refuge. J'ai acheté de quoi manger pour la journée, fait le plein d'eau, pris un petit déjeuner conséquent. Les randonneurs présents me souhaitent tous bon courage. Je sors du refuge. Jamais ce mot n'a pris autant de sens. Refuge….

 La pluie n'est pas très forte, il ne fait pas trop froid et pour les premiers kilomètres, j'ai le vent dans le dos. C'est très vallonné. Du coup, je peux me laisser glisser à chaque descente et pousser pour relancer avant d'atteindre le sommet de la côte suivante. Je suis dans un désert minéral où il n'y a pas de couleur. Cela va du blanc au noir, en passant par le gris. C'est tout. Je suis dans un film en noir et blanc. Je me souviens tout à coup d’une histoire que je racontais à mes enfants lorsqu’ils étaient petits. Cela parlait d’un monstre qui dévorait les couleurs. 20 ans après je suis dans son pays… Un brouillard lourd m'entoure. Tant que j'ai le vent de dos ça va. Je peux pousser un peu. Puis, la route oblique en angle droit, le vent s'ajuste en fonction (le fourbe ! !) de manière à ce qu'il m'arrive en pleine face. Je m'arrête mettre ma deuxième polaire, mon masque, ma cagoule et mon bonnet. Je me rééquipe haute montagne.
 Je reprends ma marche face au vent et à la pluie qui forcit, quand tout à coup la température chute… Qu'est ce qu'il se passe ? Je lève la tête et voit un gros nuage noir s'avancer vers moi. Le dévoreur de couleur m’a repéré ? Un grain se prépare. Et quel grain ! La neige, la grêle et tout ce qu'il est possible de décharger d'un tel nuage se déverse sur moi. Rien pour me protéger, pas le moindre rocher ou dénivelé du terrain. La seule solution, me mettre en boule accroupis dos au vent et laisser le Karcher glacé me mitrailler. Je suis trempé des pieds à la tête, j'ai froid. Tout à l'heure le ranger m'a doublé. Je lui ai demandé s’il pouvait m'avancer jusqu'au prochain refuge vu les conditions climatiques, il m'a gentiment répondu qu'il n'avait pas la place (???...  Pick-up géant, l'arrière est vide…?), mais que le bus qui allait vers Gulfoss passerait d'ici une heure. Il faisait alors 8°C. Depuis début Juin ou la piste a été ouverte et qu’il a pris son service, il n’y a eu que 3 jours de soleil. Même lui n’a jamais vu ça. « On a un été pourri. D’habitude, il fait meilleur… ». J'ai repris ma marche face au Karcher de Thor…

 Des allemands s'arrêtent interloqués de mon équipage. Ils m'offrent du Tobleronne, que j'ingurgite illico-presto. Des Français, eux, me prennent en photos.

 La météo est exécrable et pourtant il était toujours là. Pourquoi ? C’était anormal pour un étranger.  Dès qu'elle pourra, elle s’approchera de son campement pour lire ses rêves et sonder ses pensées. Ceux du Nord les avaient prévenus elle et les siens. Un cavalier étrange parcourait le royaume. Un de ceux qui sentait leurs présences sans pour autant être un « natif ». La petite communauté avait d’abord été interloquée, puis poussée par la curiosité, ils étaient allés  à sa rencontre.


Je marche, le temps s’efface face au temps…

Au sommet d'une longue côte, c'est pire. Mais je trouve là un Troll qui, visiblement, a vu le soleil un jour. Je m’adosse contre lui pour me protéger du vent et de la pluie, qui, ici, ne tombe pas, vu que cela signifierait que sa direction est verticale. Non, ici la pluie se déplace horizontalement… Je mange quelques gâteaux, mes derniers. Tout à l’heure, j’ai ingurgité mon repas de midi pour emmagasiner des calories. Le ranger m’a conseillé de ne pas m’arrêter, de marcher pour conserver de la chaleur, mais je suis épuisé. Je tente une sortie de derrière mon rocher et je me fais immédiatement refouler par le Karcher de Thor. Je reste en boule derrière mon rocher. Autour de moi ça souffle, ça pleut, le vent est assourdissant, c'est l'Apocalypse. Autre paradoxe météo Islandais : Le vent souffle en tempête, mais les nuages ne bougent pas… 

 Il est des endroits sur la planète où l’on risque sa vie. Dans le désert, des scorpions, des serpents. Dans les forêts équatoriales, on fait face aux araignées et serpents. Dans l'arctique, l'Ours Blanc est affamé. La mer a ses requins. Les plaines sibériennes sont habitées par les loups. Partout l'homme a son prédateur. Pas ici. Pas un seul animal, insecte ou plante. L'Islande n'a besoin que d'elle-même, sans d'artifices. Les Dieux scandinaves sont les plus fort. C'est du brut, du pur. Et je ne me plaints pas, je suis au bord de la piste principale. Peu de passage certes, mais passage quand même. Je n'imagine même pas la situation en hors piste, sans possibilité de secours…

 Je repense au Mt Ventoux. C'était une promenade du Dimanche à coté de ce que je vis. Merde, qu'est ce que je fais ici ? Mais qu'est ce qui m'a pris de vouloir affronter un pays pareil ? Odin et sa clique me le font payer. Grande leçon d'humilité et de remise en place. J'ai cru que je serai au niveau, je ne le suis pas. Je viens de toucher mes limites. Elles sont là par 64°47’41 N / 19°21'27 O, altitude 660 m.

 Surgit alors un 4X4 pick-up gigantesque de l'Iceland Research and Rescue, en d'autre termes, les services de secours Islandais. Me voyant, il s'arrête. Sort de l'engin un géant Fluo (combinaison survie-hiver ?) : "Ahhh ! Un Troll du futur ! ! " Non c'est un des secouristes, ouf…

(Discussion en anglais)

- ça va ? Vous allez où ?

- ça va. Je vais à Gulfoss, mais je ne peux pas aller plus loin, impossible d'avancer, j'attends le bus qui doit arriver.

- Pas question de rester là avec ce temps. On  prévient par radio le chauffeur pour qu'il vous  prenne. Vous venez  avec nous !

 Je n'insiste pas (trop content tu penses…). Pendant ce temps, ma bécane est embarquée et arrimée dans le pick-up sous les rafales de vent. Thor n’est pas content. Puis, nous prenons la direction du Nord (je rebrousse chemin) et au bout de quelques temps, nous nous retrouvons face au bus. Arrêt des engins, transfert de la bécane et du Jean-Chris. Dans le bus, je retrouve mes Allemands d'hier soir, mes compagnons de "Hot spots" et un couple de jeunes marcheurs français qui eux, n'ont même pas tenté quoi que ce soit. Ils ont attendus le bus à Hverallir, sagement.

 Le bus nous monte à Kerlingarfjöll, où il fait un arrêt d'une demi-heure. Quand je vois la piste à prendre et le dénivelé, je n'aurais jamais pu y parvenir. Aucuns regrets. J'y retrouve Sébastien qui attend depuis 24h que le temps se calme. Il n'en peut plus lui n'ont plus. Comme moi, il en a pris plein la gueule depuis vendredi. Il est épuisé. Il a d'ailleurs profité de la cabane de sécurité (la rouge ! !) pour échapper à un gros grain. Nous arrivons enfin à Gulfoss. J'ai pu apercevoir à travers les vitres battues par la pluie le glacier au loin. Je viens de passer 3 étapes en 2 heures.

 Le site de Gulfoss, où se situe une chute d'eau gigantesque, attraction du Sud de l'Islande, est un vaste parking pouvant contenir des dizaines de bus, ainsi qu'une cafétéria de plusieurs centaines de places et un hyper marché de souvenirs. Bref, une usine à touriste. Je me jette sur une soupe d'agneau / salade de crudités / yaourt (Ah… le yaourt islandais, quel bonheur…) et la banane nationale. Face à moi, s'installe un cycliste qui fait sécher ses affaires sur les radiateurs, devant la grande baie vitrée qui donne sur les chutes. C'est un Andorran (qui parle parfaitement français). Il vient de faire le même trajet que moi et il en bave lui aussi depuis des jours. Il est écœuré, fatigué, à bout. Nous partageons nos expériences. Discussion d'anciens combattants des Highlands Islandais.






 Après la visite des chutes (impressionnantes), je me jette dans le premier hôtel à quelques kilomètres de là. Ce soir, c'est lit douillé, douche bouillante et jacuzzi…

Mais que viennent chercher les hommes ici ? Que viennent chercher les voyageurs si loin de chez eux ? Quelque soit leur destination d’ailleurs. Ils se cherchent des raisons. Certains font de « l’humanitaire ». Pour se donner bonne conscience. Se racheter aux yeux du monde une bonne conduite. D’autres viennent à la rencontre des peuplades locales. Pourquoi ? Se rassurer en revenant chez eux qu’ils sont bien dans leur confort ? Pouvoir se donner l’image auprès de leur congénère, de quelqu’un qui prend en compte la misère du monde ? Certains cherchent l’exploit pour se prouver à eux même qu’ils sont capables de faire çà. A eux même ? Foutaise ! Egocentrisme refoulé. C’est aux autres qu’ils veulent prouver quelque chose. Pas à eux. Aux autres ou à quelqu’un en particulier. Le voyage peut-être une psychothérapie. Se retrouver face à soit même. Revenir à l’essentiel. Se nourrir, avoir chaud, avoir un toit. Les trois règles de base pour tout être humain. L’important n’est pas le but, l’arrivée, non l’important c’est le chemin. On ne revient jamais pareil que l’on est parti. Pourquoi dépasser ses limites ? Pour impressionner ? Montrer qu’on est quelqu’un ? Le besoin de reconnaissance ? Ou alors parce qu’on en a jamais eu et qu’on se les cherche ? Le paradoxe étant que justement ici il n’y à pas de limites hormis celles de la géographie puisque c’est une île. Certains viennent souffrir pour croient-ils payer une dette. Le sacro-saint concept de la rédemption inventée par l’église catholique. Je dois payer pour mes pêchés, je dois laver mes fautes. L’homme a le poids sur les épaules de tous les péchés du monde. Il croit qu’en souffrant il se libèrera. Il est incapable ne serait-ce qu’un instant d’imaginer qu’il n’est pas fautif. Il vit dans les regrets, le passé. Il vient pour faire la paix avec lui-même ? Elfnör tout Elfe qu’elle était connaissait  ces concepts. Elle les avait entendus la nuit dans les pensées des hommes. Elle avait appris à reconnaître leurs odeurs. Cela lui paraissait étrange, elle qui ne connaissait ni la notion de passé, de présent ou de futur. Pour elle c’était un tout. Le concept était global. Il n’y avait pas barrières dans ces notions. Elle avait toujours du mal à conceptualiser ses notions chez l’homme lorsqu’elle les entendait ou les sentaient. En tout cas une chose était sûre, ils le vivaient mal. Même le temps était important pour eux. Hors le temps n’existe pas ici. C’est peut-être pour ça que le passé, le présent et le futur ne faisaient qu’un. L’absence du temps. Ce concept encore bien étrange chez l’homme.


Le voyage est un prétexte.

Etape 5 Gulfoss – Thingvellir 




Lat. Long. Départ
Lat. Long. Arrivée
Distance
Durée
Moyenne
D+
D-
Max+
Max-
Dep.
Arr.
64.18.13N 20.10.06O
64.16.47N 21.05.09O
65Km
5h
13Km/h
470m
530m
10%
7%
190
120


Ciel bleu, très peu de vent, étonnant non ? C'est peut-être que je suis maintenant dans le sud. Je peux enfin m'équiper sans mon pantalon de pluie, ni mon bonnet. Après 4 jours, ma tête respire enfin. Je ne porte même pas de gants. Ça devient agréable ! ! D'autant que  la route descend jusqu'à Geysir, ma prochaine étape. Je vais passer une grosse demi-heure à me laisser glisser tout doux et profiter du paysage où le vert domine enfin. Il y a même des fleurs. Incroyable, enfin de la couleur ! ! Au loin, j'aperçois un des glaciers que j'aurais dû voir si le temps avait été dégagé.




 Je m'arrête donc à Geysir voir les geysers (le mot vient de là…). Il y en a une vingtaine. Des petits qui bouillonnent, un gros qui crache à une trentaine de mètres toutes les 10 mn. L'eau projetée est à 100 C°. Attention aux éclaboussures !  Ils ont tous leur petit nom (Islandais, donc imprononçable…) Je retrouve mon Andorran, qui prend le soleil à l'entrée de son Hôtel. Nous allons dans la même direction, on se retrouvera plus tard. Le temps est toujours beau et j'attaque la route, direction Thingvellir. Une soixantaine de bornes. Les routes sont comme les pistes. De longues lignes droites de plusieurs kilomètres. On ne se voit pas avancer. Heureusement, il y a le paysage. Sur ma gauche, des prairies avec des chevaux (beaucoup de chevaux dans ce secteur) avec en fond, la mer (à 10km). Sur ma droite, des forêts dans lesquelles on devine une multitude de chalets. C'est la zone des résidences secondaires des "Rekjavikois". Derrière ces forêts, les montagnes, certaines enneigées. Beaucoup de chevaux aussi. Et des moucherons, des multitudes de moucherons. Ils ne piquent pas mais entrent partout, j'en bouffe dès que j'ouvre la bouche. Du coup, je remets mon masque et ma cagoule. J'peux même pas profiter du temps. Dommage.

 Arrêt repas à Laugarnvatn. Petite ville de passage sans grand intérêt, si ce n'est la classique station-service / supermarché / fast-food. Elle se trouve au bord d’un Lac gigantesque, que je contourne depuis plusieurs kilomètres. Je fais le plein de banane, gâteaux et pendant que je savoure un hamburger avec des "frites française" (présentées comme telles dans un emballage… Mc Cain) surgit mon Andorran. On mange ensemble, puis je reprends la route vers Thingvellir. On se retrouvera au camping là-bas.

 Je sors du secteur du bord du lac pour prendre une route droite de 16 km à travers la lande. Le vent est sur ma gauche, je peux pousser. Il fait soleil. Quelques kilomètres de faux plats descendant me ravissent. Je fais même la course avec deux cyclistes dans la côte qui mène au plateau. Le poids de l'ensemble (moi plus la trott’) avoisinant les 90 kg, je roule longtemps sans pousser. Génial ! L'Andorran me double sans ce secteur. Lui aussi profite de l'inertie due au poids et se repose en pédalant doucement, tout en filant à bonne vitesse. La route oblique sur la droite et le vent passe dans mon dos. Journée magique ? Je fais une pose pour admirer la chaîne de montagne sur ma droite, un massif noir, gigantesque, majestueux et inquiétant. Mon parcours initial devait me faire passer dans un no man’s land à l’intérieur de ce massif. Brrr… on verra une prochaine fois.

 Croisement. Sur ma gauche, la route descend tout droit le long du Lac de Thingvellir, au nord duquel se trouve ma destination, et le contourne au loin. Normalement, je devrais la suivre, mais une côte gigantesque se profile. De plus, elle est étroite et il y a beaucoup de circulation, dont des bus. Pas « sécure » du tout, donc. Je décide de prendre une autre petite route qui plonge sur les bords du lac. Là, pas de bus. J’ai bien fait. Elle serpente sur les bords du lac et au milieu des marais au raz de l’eau. Beaucoup de pêcheurs sont là. Balade bucolique. La pluie revient avec sa cohorte de nuages. Après quelques kilomètres, j’arrive enfin au camping qui se situe en bord de route. C’est un vaste champ, grand comme un terrain de foot. Ici, pas de place prévue à l’intérieur, donc je planterai la tente. Pas grand monde, le terrain est occupé par une dizaines de tentes. Je me réfugie à l’accueil / mini-cafétéria / centre d’accueil du parc national / souvenirs et j’y retrouve mon Andorran. Soupe d’agneau, un bon café chaud. Lui décide d’aller camper sur le bord du lac. J’ai trop besoin de chaleur et de sec, je reste ici. 


 Chez les Elfes, les notions de bien ou de mal tels qu’on l’entend chez nous n’existent pas. Comme le temps, c’est un tout. Ils savent depuis toujours qu’un être est « bien » et « mal » en même temps. Que l’un ne peut pas aller sans l’autre. Qu’un être vivant est un tout. Comme le temps, comme l’univers.



Etape 6 

Thingvellir - Rekjavik


Réveil et pliage de tente sous la pluie après une nuit de merde…
 Visite du site de Thingvellir sous la pluie (comme de bien entendu). Je suis sur la zone où les plaques atlantiques se séparent. Une vers l'Ouest, l'autre vers l'Est. 0,5 mm par an. C'est assez fascinant comme vision. La faille court sur plusieurs kilomètres. Par endroit, elle fait quelques centimètres et on peut l'enjamber. J'ai ainsi posé, d’un pas unique, un pied en Europe et l’autre en Amérique. Plus loin, la crevasse fait plusieurs dizaines de mètres, plongeant en un canyon d'une vingtaine de mètres de profondeur. Ainsi, le fond de la faille (un large chemin) se soulève et l'île s'agrandit de quelques centimètres carrés par an… Les parois sont un mur noir et déchiqueté de lave, qui me fait penser au décor du dernier King Kong. L'aspect lugubre du lieu, accentué par la météo, pourrait donner des idées à Tim Burton pour sa prochaine production. A force de regarder ce mur déchiqueté, sorte de dentelle noire, j’ai impression que des bras géants ont déchirés la terre et écarté de force la croûte terrestre, laissant apparaître ainsi une plaie ouverte. Les failles, les volcans ne serait-ils pas les plaies de la terre et la lave son sang ? Les tempêtes Islandaises, les hurlements du vent ne serait-ils pas l’expression de sa douleur ? Les paysages que je traverse depuis ces jours derniers sont tellement empreints de souffrance…
Mais revenons à nos moutons (Isalndais).

 C'est dans ce lieu que les premiers Viking en l'an 900 se réunissaient une fois l'an pour discuter des problèmes de leur communauté, créant ainsi le premier parlement des temps modernes. Pour les locaux c'est un lieu mythique, toujours en fonctionnement !  Du haut d'une falaise, mon regard embrasse le lac avec la petite route prise hier. Plus loin, la chaîne de montagne noire contournée hier, couverte de quelques plaques de neige, ainsi que des plaines arides. Noir et blanc sont toujours dominants. L'effet du vent et de la pluie ou du monstre mangeur de couleur ?


 J'ai décidé de piquer vers le Sud direction Selfoss. Sauf que le vent se lève (toujours depuis le sud) et de gros nuages noirs remplissent le ciel dans cette direction. L'avant-garde du grain arrive sur Thingvellir. Dans le ciel, c’est un vaisseau noir qui s’approche. Je n’en vois pas le bout.              
 Réflexe Islandais (je m'adapte aux coutumes locales), je change mes plans et décide de rejoindre directement  Rekjavik. Une ligne droite de 50 km sur un plateau m'y emmènera.  Direction Sud / Sud-Ouest, au lieu de plein Sud. J'attaque la petite côte qui me permet de rejoindre ledit plateau sous une pluie fine. Arrivée au sommet, le grain est là. La pluie se lâche, le vent accélère, je suis stoppé et… trempé. Je regarde la ligne droite qui s'enfonce dans les nuages, face au vent et à la pluie. Pousser dans ces conditions pendant au bas mot 5 h sur une petite route, doublé par des bus (qui sont légions, touristes obligent…), je n'ai pas le courage et n'en vois pas l'intérêt. J'en ai marre de me faire « Karchériser » depuis plusieurs jours. Marre… Demi tour et je file (vent dans le dos, yeepee !) vers le camping où je vais attendre le prochain bus pour Rekjavik. Je profite de ces quelques heures d'attente et de séchage, bien au chaud, pour mener une étude sociologique sur les touristes qui passent par là et bouquiner.

Rekjavik



L'aventure au sens sportif du terme est terminée. Je vais passer les 4 jours restant à Rekjavik, logé dans une « GuestHouse » tenue par un couple de français adorable. Je vais me remettre de mes émotions et me refaire une santé. Au menu : visites de musées, promenade en ville, découverte de la culture de cet étrange pays et de la mentalité si particulière des Islandais.

 L’Islande, qui suite à la crise à limogé son gouvernement, a mis en prison les banquiers responsables du crash, a refusé de payer la dette faramineuse aux spéculateurs. Ce pays qui ne possède pas d’armée (« Qui voudrait nous envahir ? me disait un Islandais en riant. Même Hitler a abandonné l’idée »). Ce pays dont la langue n’a pas évoluée depuis l’an 900 (Imaginez vous parler encore le latin !). Ce pays où les noms de familles sont tellement complexes, que même l’annuaire est classé par les prénoms, plus simples. Ce pays où le vouvoiement n’existe pas. Ce pays où les gens ne prévoient rien à l'avance, tout se fait au dernier moment ("Pourquoi prévoir ? On peut avoir un volcan en éruption ou un tremblement de terre demain!"). Où se mêle rigueur scandinave et "cool" attitude façon Caraïbes. "Ça va s'arranger, c'est pas grave" est la phrase type de l'Islandais. Déroutant non ?

 Et un dernier dicton local pour la fin : « Ici, il n’y a pas d’été. Il y a un hiver sans neige. »



Elfnör regarda l’oiseau géant en métal décoller. L’homme s’éloignait de plus en plus, le lien de leurs pensées s’amenuisait tel un glaçon qui  fond lentement. Lorsqu’il n’en resta qu’une goutte d’eau  elle entendit un dernier mot et enfin le silence.


 Elle regardait toujours le ciel et l’avion s’éloigner. Elle resta encore un instant observant le ciel en écoutant le silence, elle se retourna et parti en courant vers le nord rejoindre son territoire.


Récapitualtif des étapes



Lat. Long. Départ
Lat. Long. Arrivée
Distance
Durée
Moyenne
D+
D-
%Max+
%Max-
Alt. Dep.
Alt.Arr.
65.39.35N 20.16.32O
65.23.29N 19.48.31O
45Km
7h
6,4Km/h
810m
310m
13
12
0
430
65.23.29N 19.48.31O
65.08.55N 19.43.37O
30Km
5h
6Km/h
300m
250m
8
11
430
480
65.08.55N 19.43.37O
64.51.58N 19.33.27O
42Km
8h
5,6Km/h
320m
200m
7
6
480
600
64.51.58N 19.33.27O
64.47.41N 19.21.27O
20Km
3h30
5,7Km/h
114m
60m
10
6
600
660
64.18.13N 20.10.06O
64.16.47N 21.05.09O
65Km
5h
13Km/h
470m
530m
10
7
190
120
200Km
28h30
7Km/h
2010m
1350m


Epilogue


Calé au fond de mon siège, je savoure l’instant du décollage. Cette accélération fantastique, puis ce moment magique où les roues ne touchent plus terre. J’ai beau connaître toutes les lois physiques qui font qu’un avion vole, je suis toujours émerveillé que ça marche…

 Je pense déjà à ma prochaine destination…

« Bon… Je fais quoi alors ? ». 



Remerciements :

A Frédéric Vinson et Laure Bouty pour leur traduction Française.